Envisager une séparation amène à porter un jugement, à ré-évaluer ce qu’a été sa vie de couple. Par rapport à ce que le couple croyait savoir de sa propre histoire, de ce qu’il en montrait ou de ce qu’il en disait jusque-là , celle ou celui qui envisage de se séparer se met à porter un jugement différent, à écrire une autre histoire ? où les rôles, les responsabilités, les intentions et les ambitions deviennent différents.
Le rôle de la parole
A priori, ni la loi, ni les habitudes sociales ne fournissent de code ni ne posent de limites, à l’histoire rétrospective que chacun peut imaginer. Or, le moment où un des partenaires du couple se met à ré-écrire l’histoire commune en forme de bilan, de testament, d’acte d’accusation, est un moment capital pour le déroulement et l’issue du divorce, ainsi que pour l’équilibre de chacun dans le futur. Il est très important de comprendre que cette « reconstitution » à postériori du mariage constitue en elle-même une étape qui va transformer la relation dans le couple. Le rôle attribué à chacun, la part reconnue à chaque évènement, les raisons données à chaque acte, mettent en scène une histoire qui va vers une conclusion, une pièce sur laquelle le rideau tombera d’une manière ou d’une autre.
Formuler sa perception du passé et de l’avenir
La séparation qui débute dans le couple témoigne d’une incompatibilité mutuelle sur ce que chacun veut, sur ce que chacun vit. Comment comprendre la mise en route de cette rupture ? Et comment partager cette compréhension avec le /la partenaire du couple qui devient un/e AUTRE, et en conséquence ne partage plus? Le seul accès, pour comprendre ce que sont devenus le mariage et le couple pour chaque partenaire, passe par les paroles que chacun formulera pour rendre visibles sa perception du passé et de l’avenir. Chacun utilisera les mots qui lui viendront pour éclairer le chemin du couple jusqu’à aujourd’hui.
Savoir nuancer ses propos
Plus le rôle qu’on attribue à l’AUTRE est péjoratif, excessif et sans nuance, plus on l’oblige à se défendre ou à culpabiliser. C’est une des retombées fréquentes de la dimension judiciaire du divorce. Et cela empêche de faire des constats communs qui ouvrent un avenir pacifié. Tout un travail sera alors nécessaire pour celui/celle qui veut reconquérir une image de soi-même qui lui soit « habitable », et arriver à limiter la provocation qu’elle inflige à l’autre. Par contre, tout élément de compréhension raisonnée et équilibrée de l’histoire du couple qui aboutit à un constat plus ou moins recevable par l’un et l’autre, favorise la reconstruction ultérieure de chacun.
Sous l’influence des déceptions, de la révolte, de la colère ou de la peur, il paraît souvent illusoire, au moment de se séparer, de parler de l’histoire du couple de manière accessible pour l’AUTRE. Mais à partir du moment où on prend conscience de l’enjeu considérable que cela représente pour l’avenir, il y a des aides est des soutiens possibles, par exemple la médiation?et puis, après les crises initiales où l’on a « raison gardé », le temps qui passe y aide?..
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